Par Marie Allimann le 1 février 2021
Basée sur les principes de l’économie circulaire, cette jeune plateforme a débuté ses activités en facilitant la collaboration entre les Banques alimentaires du Québec et leurs donateurs.
Toucan Solutions vise à mettre l’intelligence artificielle au service de la circularité des matières. C’est notamment le cas des denrées alimentaires qui, en fin de vie, peuvent approvisionner les banques alimentaires plutôt que d’aboutir dans les sites d’enfouissement. À condition, bien entendu, d’être prises en charge de manière rapide et efficace. Et c’est précisément la vision de cette startup qui propose une plateforme technologique destinée à des organisations – OBNL, coopératives, entreprises, institutions, etc. – qui, regroupées en réseau, peuvent travailler ensemble pour valoriser des surplus ou des résidus. L’objectif : faciliter le travail de ces acteurs en les aidant à mutualiser leurs efforts et à gérer plus efficacement les flux de matières.
« La lutte contre le gaspillage alimentaire est au cœur de notre mission, et c’est ce qui nous a d’ailleurs valu un Prix Novae en 2020 », indique Thibaud Joubert, cofondateur de Toucan. La jeune entreprise, bientôt certifiée B Corp, développait en effet son premier partenariat avec Les banques alimentaires du Québec (BAQ), un réseau de plus de 1200 organismes à travers la province. La solution proposée consiste en une plateforme technologique qui centralise les denrées offertes par les donateurs via le site Internet des BAQ. Elle permet également à ce réseau de gérer rapidement la distribution des dons auprès des membres et selon leurs besoins. « Toucan automatise toutes les transactions d’information, indique Esther Dormagen, cofondatrice de l’entreprise. Les BAQ gagnent ainsi beaucoup de temps, une semaine par an selon nos estimations, et cette efficacité permet d’éviter des gaspillages alimentaires.»
En constante évolution, la technologie de Toucan vise avant tout à répondre aux besoins des BAQ. L’entreprise a ainsi développé une banque de données portant à la fois sur tous les utilisateurs de la plateforme – c’est-à-dire tous les organismes qui composent le réseau des BAQ – et les donateurs corporatifs, pour faciliter la communication entre eux. « Quand par exemple un donateur a plusieurs entrepôts, usines et magasins qui participent à un don, tous les contacts et informations sont intégrés dans cette base de données, ce qui lui permet de communiquer facilement avec les personnes qui interviennent dans la gestion de ce don.» D’autres fonctionnalités verront bientôt le jour, que ce soit pour améliorer la logistique des denrées, assurer leur traçabilité ou faciliter la mutualisation du dernier kilomètre.
La startup a depuis diversifié ses partenariats, notamment grâce à la visibilité obtenue par le Prix Novae. Elle a par exemple conçu un module qui facilite les achats groupés des Marchés solidaires, et donné accès à des outils de commercialisation en ligne aux producteurs de la coopérative Panier Futé. Et au-delà du secteur agro-alimentaire, Toucan vise à s’intégrer dans toute démarche d’économie circulaire pour faciliter les flux de matières, que ce soit d’anciens décors des arts de la scène via l’organisme Ecoscène ou des matériaux de la construction, par exemple.
Pour l’heure, en pleine pandémie, les solutions Toucan arrivent à point nommé. En particulier auprès des banques alimentaires: « Les BAQ ont dû gérer près de 70% de volume additionnel de denrées, et cette tache aurait été quasiment impossible à réaliser sans le soutien de la technologie», explique Esther Dormagen. « On a senti qu’on contribuait à aider les banques alimentaires, renchérit Thibaud Joubert. Les retours que nous avons eus montrent en effet que nos solutions sont pertinentes : elles permettent à tous les acteurs du réseau de mieux collaborer ensemble pour gérer les matières de façon plus efficace.»